Les larmes de Clytemnestre est un monologue à deux voix et deux langues. La figure centrale de la reine s'exprime en arabe tunisien et en français: le mythe antique est une réflexion sur la place de la femme de part et d'autre de la Méditerranée. La double figure de Clytemnestre occupe le premier plan. Sa colère passe par tous les états de la voix proférée à la voix chantée. la parole et le chant ne font plus qu'un dans un corps qui se dédouble.
Texte: Marie-Pierre Cattino
avec: Roxane Lebrun et Randa Boussida
Musique: Gilles Andrieux( tanbur et kemencè)
Vidéaste, plasticienne : Chia-Wen Tsai.
Mise en scène: Christian Bach
Création du spectacle à l'issue d'une semaine de résidence à la Maison d'Europe et d'Orient 75012 Paris 12eme du 9 AU 13 SEPTEMBRE 2013.
Reprise au Festival Nous n'irons pas à Avignon de Vitry-sur-Seine en juillet 2014 et à la Maison de la Tunisie à la Cité universitaire en novembre 2014.
Cette double Clytemnestre s'adresse à tous, c’est une femme divisée dans son espace mental, dans le temps, aussi, les minutes filant comme des figures fragmentées dans un voyage immobile... La langue de Marie-Pierre Cattino est une source de propositions sonores, d’ambiances musicales.
Mes réponses scéniques englobent sons, bruits, chorégraphies, corps reflétés, images vidéo et lignes.
Vers la Tunisie
J'ai mis en parallèle le texte français avec l'arabe tunisien, l'un faisant écho à l'autre. Dans la mise en jeu à deux langues, nous nous sommes penchés sur l'exercice du pouvoir entre homme et femme.
"Elle sait qu'elle n'appartient plus qu'au passé dès lors qu'elle attaquera de front la tradition" et "Elle est sans doute ce qu'il y a de plus radical dans le combat pour le refus de la soummision et de l'aveuglement." Avec ces deux phrases de présentation du texte par Marie-Pierre Cattino nous touchons au droit fondamental de l'existence de la femme comme sujet à part entière.
La rage qui anime Clytemnestre rejaillit sur la femme d'aujourd'hui, confrontée aux murs et réticences du pouvoir des hommes du passé.
J'ai voulu le dédoublement du personnage, dédoublement aussi de deux langues avec leur musique propre, sans qu'aucune ne prenne le pas sur l’autre. Cette proposition scénique me semble faire écho à ce qui se passe dans la Tunisie contemporaine, cette question de la légitimité étant encore d'actualité.
Cette interpellation rejoint une interrogation récurrente dans l’œuvre de Marie-Pierre Cattino qui questionne la place de la femme dans le monde contemporain.
Christian Bach, metteur en scène